Docteur Jacques Parier - Médecin du sport à Paris

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Un traitre est parmi nous !

 

L’alimentation est devenue une préoccupation essentielle pour les champions mais aussi, à un moindre titre, pour tous les pratiquants. Parmi les évolutions dans ce domaine le gluten est devenue une réelle préoccupation. Dans la foulée de notre numéro 1 mondial Djokovic beaucoup de joueurs s’essayent à ce nouveau régime. Pour faire le point sur ce sujet  nous avons interrogé une experte en la matière, le docteur Paule Nathan, endocrinologue.

Le gluten  c’est quoi ?

Le terme « gluten » est souvent utilisé pour désigner toutes les prolamines toxiques  (ensemble de protéines de stockage présentes dans les graines de céréales) contenues dans les fractions protidiques du blé (gliadine), du seigle (sécaline), de l’orge (hordéine), et de l’avoine (avénine). Leur effet toxique pour les cellules est lié à la réaction immunologique anormale dirigée contre la muqueuse intestinale.

Ou se trouve t-il ?

On le trouve dans l’avoine, le blé et ses variétés comme l’épeautre, le froment, le malt (issu du grain de blé germé), l’orge, le seigle, le son (enveloppe des céréales). Les céréales qui n’en contiennent pas sont : le maïs, le millet, le quinoa, le riz, le sarrasin, le sorgho, le tapioca. Châtaignes, pommes de terre et légumes secs en sont dépourvus.

 

Un envahisseur parfois bien caché

 

Le gluten a envahi notre alimentation.

L’industrie agroalimentaire transforme le blé en hydrolysat très soluble. Celui-ci est ensuite utilisé comme épaississant, stabilisant, émulsifiant. Sur l’étiquette on le trouve sous la dénomination                            « protéines de blé ». Son utilisation est alors « diversifiée » : viandes reconstituées comme les nuggets,  sandwichs,  escalopes et  poissons panés, saucisses,  jambon… On en  trouve aussi dans des chips de pommes de terre  ou de la mousse de foie, du ketchup, de la crème glacée ! La cuisine industrielle en utilise donc beaucoup plus qu’avant. Certains médicaments en contiennent.

 

L’intolérance au gluten ou maladie cœliaque

 

La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une maladie inflammatoire chronique du tube digestif, auto-immune, provoquée par un antigène alimentaire : le gluten.

Les signes peuvent être multiples et variés, plus ou moins marqués : perte d’appétit, amaigrissement, fatigue chronique et/ou syndrome dépressif, ostéoporose, infertilité. Le diagnostic est plus facile s’il existe des signes digestifs comme des douleurs abdominales, une diarrhée chronique, des nausées ou vomissements, voire des aphtes buccaux récidivants.

La prise de sang retrouve des anomalies qui traduisent la mauvaise absorption par le tube digestif des aliments,  des anticorps spécifiques. On note une atrophie des villosités la muqueuse intestinale lors de l’exploration de l’intestin.

L’amélioration spectaculaire en quelques jours à quelques semaines avec régime sans gluten, le traitement exclusif, signe le diagnostic.

L’observance du régime est une astreinte considérable. La liste des produits interdits est longue et la vigilance doit être extrême du fait de la nécessité dans un premier temps de l’exclusion totale.

 

La sensibilité au gluten sans maladie cœliaque existe-t-elle ?

 

La sensibilité au gluten sans maladie cœliaque est une nouvelle entité qui commence à être très étudiée. Elle se manifeste par des symptômes intestinaux ou extra-intestinaux qui diminuent ou disparaissent après le retrait du gluten chez des personnes porteuses d’une muqueuse normale de l’intestin grêle et des résultats négatifs sur le dosage des anticorps.

Certains estiment que 6 % de la population présente une sensibilité au gluten, comparativement à 1 % avec la maladie cœliaque

 

Pourquoi cette sensibilité au gluten ?

 

Nous consommons de plus en plus de produits industrialisés qui contiennent du gluten.

La lecture des étiquettes permet  d’en prendre  conscience.

Il y a une surconsommation de gluten, en particulier du blé : pain, sandwich, pizza, pâtes, pain bagna…

Il convient de conseiller à nos joueurs une alimentation plus variée avec du riz, des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots secs…), des pommes de terre, du quinoa, des pains à base de seigle, d’épeautre, de froment.
Il est important de varier les apports en glucides complexes, et de prendre conscience que l’on consomme trop de gluten et qu’entre le tout gluten et le sans gluten, il existe un juste milieu avec une alimentation équilibrée.

Il est aussi essentiel d’adopter un bon comportement alimentaire. Manger trop vite sans mastication délivre des aliments mal digérés, possiblement sensibilisant, et réduit la salivation qui contient un facteur de croissance bénéfique pour le bon maintien de la barrière intestinale. En fait avec une bonne hygiène globale cette sensibilité ne devrait pas exister…

 

Que penser du régime FODMAPS ?

Les FODMAPS sont  un groupe de glucides contenus dans certains fruits, légumes ou polyols. Faiblement absorbés et fermentescibles par les bactéries du colon ils peuvent être à l’origine de douleurs, de ballonnements et de gaz. Après réduction ou éviction, on les réintroduit progressivement. Ce régime permet de réduire le syndrome de l’intestin irritable.

 

A retenir

Toute diarrhée associée à un côlon irritable doit faire pratiquer un bilan sérologique à la recherche d’une maladie cœliaque non détectée.

 

l’AFDIAG (l’Association française des intolérants au gluten) permet une meilleure prise en

charge. AFDIAG : 2, rue de Vouillé, 75015 Paris. Tél : 01 56 08 08 22. www.AFDIAG.com

L’acronyme Fodmad signifie F = Fermentescibles,
O = Oligosaccharides (fructanes et galacto-oligosaccharides ou GOS)
D = Disaccharides (lactose)
M = Monosaccharides (fructose en excès du glucose)
A = And(et)
P = Polyols (sorbitol, mannitol, xylitol et maltitol).

A boire !

A l’approche de l’été et de (probables) journées de grande chaleur, le docteur Jacques Parier, notre spécialiste des questions médicales, a choisi de s’intéresser ce mois-ci au problème de l’hydratation des joueurs de tennis. L’occasion de rappeler quelques données physiologiques de base et de vous donner des conseils pratiques pour éviter tout désagrément au beau milieu d’un match ardemment disputé.

A BOIRE !

Que représente l’eau dans notre organisme ?

Notre corps est composé à 60 % d’eau. Ce pourcentage est un peu plus faible chez les femmes ou les sujets en excès de poids. En revanche, il est un peu plus élevé chez les enfants.

Où se situe l’eau dans notre corps ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, deux tiers de l’eau se trouve dans nos cellules et seulement un tiers hors de celles-ci et particulièrement dans les vaisseaux sanguins. Pour le bon équilibre de l’organisme, il est souhaitable que l’eau et les électrolytes (sodium, potassium…) restent stables à l’intérieur et à l’extérieur des cellules.

Pourquoi perd-on de l’eau ?

Au cours de l’effort, la température du corps augmente du fait de l’accélération de la production d’énergie à partir des stocks de sucres et de graisses. Des mécanismes complexes se mettent en place pour diminuer cette hyperthermie qui peut être fatale au-delà de 42°. Le fait de transpirer est le mécanisme le plus performant pour faire diminuer la température du corps. Il faut savoir que lors d’un match en condition extrême on peut perdre jusqu’à 2,5 litres d’eau par heure.

Pourquoi se réhydrater ?

Au-dessus de 2% de perte de poids, la qualité de la performance physique diminue et les risques d’accidents musculaires, tendineux ou articulaires sont en augmentation. Et au-dessus de 4% de perte de poids, on peut constater des accidents de type « coup de chaleur » avec une possibilité de perte de conscience.

Comment utiliser l’entraînement dans la gestion de la déshydratation ?

Le débit de sueur varie selon les individus et c’est pourquoi il est bon d’apprendre à se connaître pour adapter sa boisson au cours des entraînements en se pesant avant et après un effort.

Quand faut-il boire ?

L’hydratation doit précéder l’effort et se poursuivre pendant et après. Elle doit être fractionnée pour ne pas gêner la vidange de l’estomac. Selon la température extérieure et l’intensité de l’effort, de 50 à 150 ml peuvent être absorbés à chaque changement de coté. Une demi-heure avant le match, 400 à 500 ml sont nécessaires. Il faut boire sans soif car la sensation de soif apparaît après une perte d’eau d’un demi-litre. Après le match il faut continuer la réhydratation.

Que penser des perfusions administrées aux joueurs après un coup de chaleur ?

Voici la réponse 2009 de l’agence mondiale antidopage : « les perfusions intraveineuses sont interdites sauf dans le contexte d’interventions chirurgicales, en situation d’urgence médicale ou lors d’examen clinique ».

Que boire ?

En règle générale de l’eau. Celle-ci doit être à une température idéalement comprise entre 6 et 15° car son évacuation est plus rapide que les liquides chauds. Trop fraîche elle peut occasionner des douleurs gastriques. L’eau ne doit pas être trop fortement minéralisée en particulier en magnésium qui provoque également des troubles digestifs. On déconseille les boissons gazeuses pendant l’effort. Elles sont plus volontiers utilisées après l’effort.

Un apport de glucides est utile pour les matches prolongés au-delà de 60 minutes, en moyenne 30 à 40 grammes par litre. L’apport de sel est habituellement recommandé au cours des matches longs ou en atmosphère très chaude car l’alimentation apporte naturellement huit grammes de sel par jour et les besoins peuvent atteindre 15 grammes. Les besoins en magnésium et potassium sont couverts par l’alimentation.

Que penser des boissons énergétiques ?

Elles peuvent être utiles. Attention cependant à certaines boissons « énergétiques » dont la composition n’est pas certaine et qui peuvent contenir des substances dopantes, excitantes ou être trop riches en sucre. De préférence, il faut choisir une boisson hypotonique contenant des hydrates de carbone en proportion de 2 à 8 % qui permet une absorption rapide.