Docteur Jacques Parier - Médecin du sport à Paris

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Le PSOAS à la loupe

Le psoas iliaque est le nom barbare d’un muscle que les joueurs de tennis doivent apprendre à découvrir car il fait partie de ceux qui sont régulièrement touchés. Peu connu, il est pourtant très sollicité lorsqu’on essaye de muscler ses abdominaux. Il peut être souvent un maillon faible pour les sportifs de haut niveau comme Jo-Wilfried Tsonga qui avait dû abandonner en huitièmes de finale à Roland Garros il y a deux ans, en raison d’une déchirure au psoas. Petite leçon d’anatomie avec notre spécialiste des questions médicales, le docteur Jacques Parier.

LE PSOAS À LA LOUPE

Vertèbres lombaires Psoas iliaque

Où se trouve le psoas iliaque ?

Situé au-dessus et au-dessous de l’aine, ce muscle vertical est composé de deux corps musculaires qui vont se réunir pour s’attacher sous la tête du fémur (le petit trochanter). Il s’attache également profondément sur les cinq vertèbres lombaires et sur l’os iliaque qui forme une partie du bassin.

Quelle est sa fonction ?

C’est le muscle le plus important dans l’action de flexion de hanche. Il permet de rapprocher la cuisse du tronc. Il intervient également lorsque vous effectuez des exercices de musculation abdominale couché sur le dos avec l’élévation alternée des deux jambes. Sa contraction latérale vous permet également de vous pencher d’un côté ou de l’autre.

En résumé, les psoas fonctionnent un peu comme les haubans antérieurs de la colonne vertébrale.

Et pour le tennis ?

Il est largement utilisé, lors des courses, des démarrages vers l’avant par exemple pour attraper une amortie. Il stabilise le bas de corps lors des frappes basses, participe aux sauts et impulsions. Il est également sollicité lors du service.

Quels types de blessures

concernent le psoas ?

Si les lésions du psoas iliaquese rencontrent souvent chez les rugbymen, cette pathologie peut se retrouver assez régulièrement chez les joueurs de tennis. Dans la plupart des observations, le début est soudain. L’intensité peut être variable mais la gêne reste généralement modérée et permet la poursuite du jeu. Le démarrage lors d’une course en avant est le mouvement pourvoyeur principal de cette pathologie. C’est l’impossibilité de pratiquer le tennis à 100 % qui pousse les joueurs à consulter alors que le retentissement dans la vie courante est tout à fait minime et que la pratique d’entraînement allégée reste possible.

Comment suspecter cette blessure ?

Lors de l’examen, on vérifie dans un premier temps que les amplitudes de hanche sont normales. Letest d’élévation de la jambe tendue, pied tourné en dehors à partir de 30° à différents angles, quand il est douloureux, signale l’atteinte du muscle. La résonance magnétique ou l’échographie permettent de poser avec certitude le diagnostic.

Quel traitement ?

Le repos est indispensable. Il est conseillé d’éviter le sport pendant quatre semaines environ. Le traitement est celui de toute lésion musculaire et tendineuse : soins locaux, encadrement de la cicatrisation. Il est important d’effectuer un renforcement musculaire, notamment des rotateurs et de faire des étirements. Parfois, si la cicatrisation est imparfaite, une infiltration dirigée peut être nécessaire. La guérison est obtenue dans un délai de 2 à 6 semaines.

Il peut arriver que certaines douleurs deviennent chroniques et allongent considérablement les délais de cicatrisation de 3 à 12 mois avec une moyenne de 5 mois. La reprise du jeu est autorisée lorsque tous les tests cliniques sont indolores. En cas de doute, une échographie est utile.

Et l’incontournable prévention ?

Le psoas iliaque est un muscle profond et par le fait trop souvent ignoré. Il mérite un travail spécifique d’étirement et de renforcement en concentrique (raccourcissement du muscle)

La pubalgie

Les pubalgies sont des douleurs situées dans la région de l’aine et du pubis (voir croquis) et touchent de nombreux sportifs, les footballeurs mais aussi les joueurs de tennis,à l’image de Paul-Henri Mathieu qui en a souffert à la fin de la saison dernière. Ce syndrome « fourre tout » correspond en fait à plusieurs types de lésions, qu’elles soient tendineuses, musculaires ou articulaires. Notre spécialiste, le docteur Jacques Parier, fait le point sur une question qui concerne en priorité les hommes.

LA PUBALGIE, C’EST MASCULIN !

Comment se présente une pubalgie ?

Le joueur ressent des douleurs au niveau de l’aine qui surviennent lors du jeu et qui imposent progressivement l’arrêt du sport. Le geste déclencheur est un mouvement d’écartement ou de démarrage. Les douleurs se situent au-dessus ou au-dessous du pubis, unies ou bilatérales et elles sont parfois diffuses.

Qui est touché ?

Le football et le rugby sont concernés en priorité. Cependant les joueurs de tennis en sont aussi victimes ainsi que les escrimeurs ou les coureurs à pied. Ce sont en grande majorité les hommes qui souffrent de pubalgie.

Que constate le médecin à l’examen ?

Il existe un déséquilibre entre la musculature des abdominaux trop faible et celle des adducteurs trop puissante. L’orifice inguinal (qui laisse passer le cordon spermatique chez l’homme et le ligament rond chez la femme) est souvent agrandi. Une inégalité de longueur des membres inférieurs peut être recherchée. Les joueurs ont souvent une hyperlordose(le bassin basculé vers l’avant) avec des ischio-jambiers et des adducteurs musclés et courts. On peut retrouver également une douleur à la palpation du pubis ou au niveau des adducteurs.

Quelles sont les principales pathologies ?

-La plus fréquente concerne les adducteurs. Elle se rencontre souvent chez les footballeurs. La douleur survient de manière progressive ou brutale, elle se retrouve à la palpation des tendons et lors d’une contraction face à une résistance.

-Les atteintes du fascia transversalis(l’enveloppe qui recouvre les abdominaux) sont les plus importantes. Elles regroupent les hernies et les atteintes des muscles grands droits. La hernie des sportifs est due à une déficience de cette enveloppe quand se forme un orifice herniaire profond et large.

-Les atteintes de la symphyse pubienne (la structure osseuse située au-dessus de l’articulation de la hanche) se manifestent par des douleurs à la palpation. Les lésions se retrouvent à l’examen radiographique.

Quels types de traitement ?

Il associe un repos avec des médicaments et une rééducation adaptée. Le repos doit être complet jusqu’à la disparition des douleurs, avec une reprise d’activité physique progressive.

Les médicaments associent anti-inflammatoires et antalgiques, voire des corticoïdes dans les cas les plus douloureux. Les infiltrations sont déconseillées.

La rééducation présente plusieurs phases, elle se base sur les techniques de physiothérapie, avec des massages, des étirements et un travail d’ajustement lombo-pelvien. Secondairement on effectue un travail des abdominaux et des adducteurs en isométrique ou en excentrique avant la reprise de la course sur tapis en salle. Ensuite, on évolue vers un travail actif en torsion sur les muscles abdominaux, avant un retour à l’entraînement.

Peut on avoir recours à la chirurgie ?

C’est rare chez le joueur de tennis. L’intervention consiste en un rééquilibrage de la symphyse pubienne (la partie osseuse) par la mise en tension des muscles larges de l’abdomen. Cette intervention doit être menée symétriquement des deux côtés, même si les douleurs sont unilatérales. La reprise de l’entraînement est alors autorisée deux à trois mois après l’opération.

Quelle prévention ?

Elle passe par les étirements des muscles ischio-jambiers, des adducteurs, et la récupération des mobilités articulaires. Le renforcement des muscles larges est nécessaire car ceux-ci sont des stabilisateurs importants du bassin.

Attention au matériel, en particulier aux chaussures, selon le type de terrain. L’excès d’entraînement ou de compétition est bien sûr un facteur favorisant. Comme toujours, il faut également veiller à se réhydrater régulièrement en quantité suffisante.

Paul-Henri Mathieu, touché par une pubalgie en fin d’année dernière, n’a fait son retour sur le circuit qu’en mars.